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    Mois-Sonneur #122 : À quoi sert la Gamescom ?

  • Mois-Sonneur
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Le mois d'Août est, de tradition dans le monde du jeu vidéo, réservé à la conférence de la Gamescom, qui a lieu à Cologne en Allemagne. Mais plus le temps avance, plus l'industrie évolue et pourtant, le rendez-vous européen est toujours là, quasiment dans sa forme de toujours. De quoi alimenter la réflexion de la question du mois qui est développée dans le texte ci-dessous.

T’es encore là toi ?

Le monde du jeu vidéo s’est lentement construit en jalonnant l’année de rendez-vous immanquables ; en Mars il y a la Game Developper Conference très technique mais d’où de nombreuses petites choses peuvent sortir, en Juin il y a l’E3 et ses conférences spectaculaires qui nous annonce le futur du jeu vidéo, en Août il y a la Gamescom pour parler des jeux de la fin d’année et des projets moins gros qu’à l’E3, en Septembre il y a le Tokyo Game Show pour ne pas laisser le marché japonais de côté, en Octobre et Novembre on a un festival de gros jeux dans les sorties et en Décembre on a les Game Awards qui servent à la fois de remise de récompense et de démonstration de bandes annonces très impressionnantes.

C’est comme ça que fonctionnait le monde d’avant. Puis la pandémie de Covid-19 est arrivée et le monde s’est arrêté, prenant le temps de repenser son fonctionnement à l’heure de nouvelles technologies de communications. Dans l’industrie du jeu vidéo, cela a mené à la mort de l’E3 et à l'essor des conférences pré-enregistrées de chaque éditeur dans son coin. Des Playstation Showcase, des State of Play, des Xbox Developer Direct, des Ubisoft Connect, des THQ Nordic Showcase et ainsi de suite. Même la GDC s’est arrêté quelques temps mais elle a fini par revenir, en personne, comme avant.

Au milieu de tout cela, la Gamescom fait office de petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Après un passage obligé en version dématérialisée pour des raisons sanitaires, le rassemblement allemand est revenu dans sa forme classique, à la même période, avec des stands accueillant du public, des développeurs sur place et des journalistes contents de se retrouver. C’était déjà le cas en 2023 où plusieurs personnes avaient salué la réunion physique, remettant de l’humain dans cette industrie.

Depuis, l’E3 a été définitivement enterré et tout le monde y a été de sa propre communication. Pire, Playstation a indiqué laissé sa place pour se concentrer autour du Tokyo Game Show et Nintendo aussi a séché le rassemblement. On pensait que c’était pour annoncer la nouvelle console qui remplacera la Switch, on a finalement eu un Nintendo Direct regroupant un Indie World et un Partner Showcase dont on se serait passé sans soucis. Seul Microsoft a fait acte de présence, avant tout pour officialiser la sortie d’Indiana Jones et le Cercle Ancien sur PS5 au Printemps 2025, ce qui aurait pu être fait hors du salon sans amoindrir l’impact.

Malgré tout cela, la Gamescom est revenue, et elle a encore fonctionné. Car oui, la Gamescom, ce n’est pas pour ceux qui ne veulent que de l’apparat, c’est un salon de connaisseurs qui demandent du gameplay. Et c’est là que les projets moins grand public peuvent s’exprimer en bénéficiant du devant de la scène. Kingdom Come Deliverance 2 a dévoilé plus de 20 minutes de gameplay en dépit d’une annonce récente de report, Dune Awakening a fait le tour de ses fonctionnalités et Civilization a levé le capot pour nous montrer sa mécanique. Ce ne sont pas des annonces de nouveautés, mais ce sont des gameplay honnêtes, une chose que le public ne refusera jamais.

Les annonces de nouveautés, c’est lors de conférences qu’on veut en voir et la Gamescom dispose de son Opening Night Live, un rendez-vous entièrement géré par le producteur Geoff Keighley qui en a fait une habitude. Deux heures de mélange des genres où on peut y voir des bandes annonces pour Borderlands 4 et Mafia The Old Country mais aussi Masters of Albion et le retour inattendu de Peter Molyneux. Un moment où Reanimal côtoie Little Nightmares 3 et où Lost Record Bloom and Rage fait face directement à Life is Strange Double Exposure. Moins de publicités, plus de jeux, tout ce qu’on demandait. Un gros projet n’aurait pas été de trop mais on a fait sans.

La vraie nouveauté de cette édition 2024 de la Gamescom, ce sont les dates visées par les projets montrés. Majoritairement, on a parlé de jeux qui arriveront en début d’année 2025, comprenez avant le 31 Mars. Par le passé, la Gamescom s’occupait surtout des sorties de fin d’année mais la période est devenue beaucoup trop congestionnée pour être préparée au dernier moment. On a même découvert des jeux qui se déplaçaient pour éviter les collusions de sorties, ce qu’on pourrait tout à fait revoir cette année. C’est surtout le nouveau marqueur de la communication actuelle : on prépare les sorties 6 mois à l’avance et on ne parle plus des années avant une hypothétique sortie. 

Mais la vraie raison pour laquelle la Gamescom est toujours là, on la doit d’abord aux développeurs et aux éditeurs. Tout une partie de l’industrie a envie de se retrouver en personne, pour retrouver le public et s’y confronter directement mais surtout pour vendre ses projets. Beaucoup de petits développeurs viennent pour trouver des financiers, que ce soit en convainquant le public ou les investisseurs. Et comme l’Europe reste une terre importante de création de jeu, que ce soit avec la France, la Suède ou la Pologne mais même avec des projets plus petits venus d’Espagne ou d’Allemagne, Cologne est l’endroit rêvé pour se retrouver physiquement et discuter.

L’E3 n’a pas pu être sauvé par son faste et ses paillettes, et c’est bien le travail de l’ombre qui garde la Gamescom à l’eau. Et avec Geoff Keighley qui en a fait un de ses moments forts de l’année, on est sûr que le rassemblement reviendra, même avec les nouvelles façons de communiquer d’une bonne partie de l’industrie.

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