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    Mois-Sonneur #118 : Comment bien adapter les jeux vidéo ?

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Dans le Mois-Sonneur numéro 118, on revient sur l'actualité plutôt calme du mois d'Avril 2024 dans le monde du jeu vidéo. Et on s'est rendu compte que ce monde du jeu vidéo commence à franchement débordé sur le reste de la culture populaire avec de plus en plus de belles adaptations. C'est donc naturellement le sujet de la question du mois, au moment où la série Fallout a fait beaucoup de bruit.

Un peu de respect

Le jeu vidéo est une forme d’art et de divertissement très récente dans l’histoire de l’humanité. Et pendant très longtemps, c’est plus le côté divertissant qui a été mis en avant, surtout par les observateurs extérieurs. Les jeux vidéos étaient des divertissements bons pour les enfants, avec des bruitages idiots, des concepts farfelus et ils finissaient par être abrutissants quand ils n’étaient pas responsable de tel ou tel fait divers violent. Sauf que c’était déjà une industrie florissante, qui générait suffisamment d’argent pour que quelques cyniques décident de capitaliser dessus. Et c’est ainsi que les premières adaptations de jeux vidéo vers d’autres médias sont apparues.

On pense au premier film Super Mario Bros en prise de vue réelle, puis des films Double Dragons, Street Fighter ou Mortal Kombat, jusqu’au Alone in the Dark, House of the Dead ou Doom. Des films tous plus oubliables les uns que les autres qui étaient à la fois de mauvais films et de mauvaises adaptations, traitant le jeu vidéo avec dédain. Nous sommes ensuite passé à quelques productions plus honnêtes mais avec moins de budgets comme avec les quelques films ou mini-séries Ubisoft ou un fan film Halo. Cela a conduit à des films comme Prince of Persia, Need for Speed, Warcraft ou Assassin’s Creed, qui étaient déjà de meilleure qualité mais en ayant toujours ce label “issu d’un jeu vidéo” qui était loin d’une marque de qualité.

Et puis, en quelques mois, nous avons découvert un film Gran Turismo, un film Super Mario Bros, la série Arcane tirée de League of Legends, la série The Last of Us et enfin la série Fallout, vu comme des réussites critiques et commerciales tout en n’énervant pas la communauté des joueurs. Et derrière ces chefs de fil prestigieux, on peut ajouter des séries Castlevania de haute volée, le film Five Nights at Freddy’s ou encore les séries Cyberpunk Edgerunner et The Witcher qui sont très marqué par les jeux Cyberpunk et The Witcher 3, qui sont déjà eux-même des adaptations, l’un d’un jeu de rôle sur table et l’autre d’un série de livres.

Comment expliquer ces soudaines réussites ? La réponse se trouve peut-être dans le récent film Sonic en prises de vues réelles. Souvenez-vous, la première bande annonce est dévoilée et c’est un tollé mondial. Le hérisson bleu de Sega est charcuté, un design qui fait l’unanimité contre lui. Et très vite, de nombreux amateurs ont proposé un nouveau design, beaucoup plus proche des jeux et pourtant tout à fait dans le style du film. Les producteurs ont plié et le résultat, au moins visuel, a été salué. Là est né le respect. Le premier design de Sonic était du travail bâclé, ce que méritait un film “issu d’un jeu vidéo” avant. Le nouveau design est un travail documenté, ce que mérite désormais un film issu d’un jeu vidéo.

Il faut dire que les réalisateurs d’aujourd’hui, et les producteurs de demain, sont des joueurs. Non seulement ils l’ont sûrement été dans leur enfance, mais ils le sont encore aujourd’hui à l’âge adulte. Le jeu vidéo a gagné le droit d’être considéré comme un art, à coup d’Ico, d’Okami mais aussi des basiques Super Mario Bros ou The Legend of Zelda. Il y a plus qu’un amusement idiot et de plus en plus de gens le comprennent, et l’ont même en leur fort intérieur. Les jeux vidéos méritent donc tout le respect possible, au même titre que la littérature.

Mais vouloir respecter un matériau initial ne garantit en rien la réussite, surtout du point de vue critique. Il suffit de regarder toutes les adaptations de la licence Resident Evil, en film ou en série, qui ont souvent été initiées de façon honnête mais ont bien souvent fini dans le caniveau de la qualité.

Les adaptations récentes ont bien souvent réussi en capturant l’esprit des jeux adapté et leur ambiance, plutôt que d’essayer de coller à tout prix à leur scénario ou à leurs mécaniques de gameplay. Il n’y a que la série The Last of Us qui prend le partie inverse, s’appuyant sur des jeux déjà conçus comme des films. Pour les autres, d’Arcane à Fallout, on prend un univers et on y ajoute sa propre histoire, s’adressant autant à des fans des jeux qu’à des gens n’ayant pas idées qu’on parle d’un jeu. De bonnes séries avant d’être des adaptations fidèles.

Il est intéressant de noter que cette vague de bonnes adaptations touche aussi d’autres médias comme les jeux de sociétés ou les jeux de rôle sur table. Là encore, les bon exemples deviennent légion avec d’un côté des jeux Rayman, Don’t Starve, This War of Mine ou Dead Cells et de l’autre des jeux Dishonored, Fallout ou Assassin’s Creed. À chaque fois, les joueurs d’origines sont les moteurs financiers qui permettent aux non connaisseurs de découvrir de nouveaux univers.

C’est certainement là que l’on peut repérer une bonne adaptation, à sa capacité à donner envie d’explorer le matériau de base. Sur ce plan, on peut dire que la série Fallout fait très fort en ayant remis sur le devant de la scène Fallout 76 et Fallout 4, pourtant sortis il y a plusieurs années. L’idée n’est pas de jouer au jeu des sept erreurs mais bien d’explorer un univers qu’on a apprécié sur un média et qui propose plus de profondeur dans un autre.

Cette vague ne devrait pas s’arrêter de si tôt tant les projets d’adaptation pleuvent en ce moment. Des gros jeux comme Bioshock, God of War ou Horizon Zero Dawn mais aussi des projets plus indépendants comme Disco Elysium ou Dredge, en films, séries ou mini-séries, chez de gros producteurs ou des sociétés plus petites, voilà le programme. Attention à l’indigestion tout de même, qui ne devrait pas arriver si tout le monde s’en tient à récupérer des univers et des ambiances sans essayer de faire des “adaptations de jeux”.

Enfin, il sera intéressant de voir si la vague ne fait pas un effet boomerang, avec des jeux adaptant des films adaptant eux-même des jeux. On se souvient de Street Fighter the Movie The Game, on pourrait revivre ce genre de choses avec les nouvelles adaptations. Cela pourrait prendre la forme de remakes/reboots pour des jeux moins connus, plus anciens et dont les adaptations seraient d’énormes réussites. Le jeu vidéo pourrait alors rappeler au cinéma ou aux séries ce que c’est que de ne pas se faire respecter.

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