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    Mois-Sonneur #104 : Que nous réserve 2023 ?

  • Mois-Sonneur
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Le mois de Janvier 2023 vient de se terminer (déjà !), on a donc bien repris l'année et on peut essayer d'imaginer le futur pour notre premier Mois-Sonneur de 2023. Vous retrouvez donc ci-dessous le billet un peu plus long de prédiction pour l'année à venir, et vous pouvez toujours retrouvez celui que nous avions fait il y a 1 an et comparer avec ce qu'il s'est passé ces douze derniers mois. Et comme toujours, n'hésitez pas à vous exprimer en commentaire et à partager autour de vous.

La rouetourne va tourner

2022 est terminé, on peut donc en dresser le bilan. Faisons rapide : Microsoft s’est attaqué à du très gros avec le rachat d’Activision-Blizzard, une histoire qui nous aura tenue en haleine toute l’année ; Sony se lance dans le Game as Service et pleurniche dans les commissions mondiales contre Microsoft ; Tencent et Embracer Group continuent de dépenser et sont maintenant rejoint par l’Arabie Saoudite ; on a quand même eu pas mal de beaux jeux à se mettre sous la dent. On peut donc passer au futur.

Essayer de deviner l’avenir est un jeu plus amusant que de dresser le portrait d’une année que nous venons de quitter, et donc que nous avons en tête. C’est un jeu risqué et vous pouvez le constater en allant relire ma prédiction il y a 1 an et en la comparant avec le bilan ci-dessus. Mais j’aime bien le risque et en s’appuyant sur un peu d’esprit d’analyse, je devrais pouvoir écrire quelques éléments pas complètement idiots.

La première information qui va structurer l’année sera encore le cas du rachat d’Activision-Blizzard par Microsoft. Que l’affaire se fasse ou non, on devrait en avoir tous les mois jusqu’à fin Juin, et très certainement plusieurs fois par mois. Entre le chouinage de Sony, Nintendo qui décide de se mettre au milieu de la bataille sans raison et Google ou Nvidia qui ont passé une tête, on peut affirmer que toute l’industrie est rivée sur cette histoire qui va redéfinir le marché, quel qu’en soit l’issue.

En parallèle, Microsoft devra faire oublier une année 2022 bien pauvre, à un Pentiment près d’être même aux abonnés absents. Les nombreux jeux en développement semblent encore loin du compte, avec des bruits pas tout à fait rassurants venant de l’intérieur. La seule valeur sûre semble être l’équipe Bethesda qui vient déjà de produire le surprenant Hi-Fi Rush, qui apportera Redfall et qui sortira enfin Starfield, jeu très attendu s’il en est. Un mélange entre bruits de développements et quelques jeux pour cacher la misère, mais surtout la nécessité de se mettre en place pour mieux anticiper l’avenir.

Ce sera le même objectif pour Sony qui a décidé de prendre un virage Game as Service, alors que le récent God of War Ragnarok (et dans une moindre mesure Horizon Forbidden West) a prouvé que les projets solos ambitieux étaient toujours viables. Le japonais a annoncé sa stratégie il y a un an mais n’a rien montré depuis, tenez-vous prêt pour des sorties intempestives de jeux à faibles ambitions techniques, en misant plus sur la quantité que sur la qualité. Et sur cette quantité, il y aura peut-être un peu de qualité.

Stratégie complètement opposée pour le troisième constructeur du marché, Nintendo semble plus que jamais sur sa planète, tout en s’ouvrant tranquillement au reste du monde. Des jeux maisons de belle facture, dont le prochain Zelda Tears of the Kingdom qui est hautement attendu, et de plus en plus de projets tiers, surtout indépendants, pour gonfler le catalogue de sa Switch. Une stratégie qui a fait ses preuves et qui n’oblige pas l’entreprise à se presser pour inventer le futur.

C’est exactement tout le contraire pour Ubisoft, à qui je prédis une année à double tranchant : soit ça passe, soit ça casse. On a déjà évoqué le cas de l’éditeur français sur ce site où j’avais expliqué les causes qui rongeaient la maison de l’intérieur et, pour le moment, mon pronostic était le bon. Il faut redresser la barre, et très très vite parce que le bord du précipice approche dangereusement. Il y a un Assassin’s Creed dans la manche et toujours le projet Avatar Frontiers of Pandora, il ne faudra pas se louper sous peine de couperet dévastateur.

Chez les autres éditeurs tiers, on assiste à une recomposition globale du marché, et chacun essaye de trouver sa nouvelle place. Electronic Arts a traversé son désert et redonne sa chance à des jeux de créateurs, des aventures solo, notamment à travers son label EA Originals. De quoi se refaire une réputation honorable tout en abordant le virage du changement pour sa licence Fifa qui deviendra EA Sports FC. Un virage qui pourrait être facilité par le manque de concurrence directe, aucun gros studio ne semble au travail pour reprendre la célèbre licence de football.

Chez Take-Two, l’autre grand américain qui forme le futur trio de tête des plus grosses entreprises du secteur, on devrait continuer sur le rythme des dernières années. L’un des studios les plus stables subit un peu les remous de quelques problèmes de management, amenant notamment son lot d’ennuis sur son joyaux, le futur GTA 6. Mis à part cela, on a récemment découvert Judas par Ken Levine, preuve qu’on peut laisser plusieurs années à des créateurs pour obtenir un produit bénéfique.

Si on change de continent, les entreprises japonaises aussi essayent de trouver leur place, un processus qu’elles ont démarré l’année dernière. Square Enix veut couper le cordon américain et le raté économique de Forspoken qui s’annonce devrait le conforter dans son idée. En face, Bandai Namco continue de grossir à son rythme, titres de jeu de l’année après titre de jeu de l’année, sans pour autant chercher à manger plus gros que lui. Attention tout de même à un rachat contre quelques milliards de dollars, ce que pourrait faire une grosse entreprise maline. Enfin, Capcom continue de se contenter de ses quelques licences phares qui fonctionnent mieux que jamais pendant que Sega essaye un peu trop de retrouver la cour des grands, attention à ne pas sauter d’étapes sous peine de repartir deux cases en arrière.

Toujours du côté asiatique du globe, il faut maintenant sérieusement considérer le marché chinois et ses développeurs. La donne a quand même beaucoup changé et le gouvernement local ne semble pas être très favorable au monde du jeu vidéo, on a d’ailleurs vu Tencent se faire attraper par la patrouille. On a donc toujours un vivier intéressant à observer mais qui peut littéralement s'effondrer d’un claquement de doigts, sans que nous ayons toujours toutes les cartes en mains pour bien apprécier la situation.

Au rang des nouveaux acteurs à surveiller, on doit aussi ajouter l’Arabie Saoudite, premier pays au monde à investir aussi massivement dans le monde du jeu vidéo et qui veut même en faire un de ses postes principaux de revenu à court terme. On ajoute à cela des questions de Soft Power, d’impact culturel et de respectabilité internationale et on se retrouve avec un nouveau joueur qui pourrait bien faire peur à ceux déjà présents, se demandant à quelle sauce ils seront mangés.

Tout ce petit monde devra évoluer dans un climat global assez déprimant pour l’économie de la haute technologie. Cette branche industrielle s’est gavée sur les années Covid-19 et il est temps de revenir les pieds sur Terre, attention à l'atterrissage. De grands plans de licenciements ont déjà été annoncés, sans grandes conséquences autres que les pertes d’emplois pour les travailleurs. On comprend quand même que les folies sont terminées et que tout le monde va essayer de se reconcentrer, ce qui devrait limiter les excès de créativité et les projets farfelus.

Je prédis donc une année 2023 en transition, la dernière année qui referme le monde d’avant et la première année qui ouvre le monde d’après. Le jeu vidéo a changé de dimension au cours des 5 à 10 dernières années, et tout le monde n’en avait pas vraiment pris la mesure. On va donc rattraper les sorties repoussées par le Covid, liquider la génération de la PS4 et de la Xbox ONE et pourquoi pas commencer à parler sur le long terme, pour essayer de placer quelques jalons dans les esprits. Une année calme dans les infos mais avec de belles nouveautés à essayer.

Et dans tout ce tableau, je n’ai pas évoqué le monde de l’indépendant, qui prend définitivement son envol à part, bien porté par la mise à disposition de l’Unreal Engine 5. Les projets de quelques personnes ont maintenant des looks à tomber par terre et toujours la créativité qu’on leur connaissait. Beaucoup de petites structures se sont créées ces dernières années suite aux affaires de harcèlement, aux mauvais management et aux fermetures de studios. On devrait voir leur travail dans les prochains mois et au milieu de la quantité, il y aura forcément de la qualité. 

2023 sera donc une année de transition, mais ne vous attendez pas à une transition calme. Nous sommes plutôt devant un gros paquet de tempêtes qui vont toutes s’affronter en même temps. Mais le monde du jeu vidéo est aujourd’hui assez costaud pour en supporter les turbulences. Rendez-vous dans 12 mois pour le vérifier.

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