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    Mois-Sonneur #102 : Les remakes d'horreur, stop ou encore ?

  • Mois-Sonneur
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Retour sur l'actualité du mois d'Octobre 2022 dans ce Mois-Sonneur numéro 102. Le mois a été globalement calme et a parlé de jeu d'horreur,normal en préparation d'Halloween. On s'est dit qu'avec tout ces remakes dans ce genre précis, ça faisait un bon sujet de dissertation, faute de grosse question d'actualité. Vous retrouvez un billet plus long sur le sujet ci-dessous, n'hésitez pas à commenter et à partager.

Les fantômes du passé, et de l’avenir

Les termes de remasterisation, reboot et remake sont devenus très populaires dans le monde du jeu vidéo ces 10 à 15 dernières années, très souvent utilisés à tort et à travers sans vraiment faire de différence entre les concepts. Mais cela change depuis quelques temps, avec des vrais projets de reboot qui proposent de relancer des licences en partant de zéro, comme les récents Tomb Raider ou Deus Ex, et quelques projets de remasterisation ayant impliqués tellement de travail qu’on préfère parler de remake, comme Shadow of the Colossus, Crash Bandicoot ou Demon’s Souls. Mais le principe de remake comme on peut le voir au cinéma, c’est à dire des films qui reprennent la trame d’un autre en réadaptant le tout à un nouveau contexte, ont encore du mal à prendre dans le monde du jeu vidéo.

C’est là qu’est arrivé Resident Evil 2 Remake, sorti en 2019 par Capcom et qui proposait de vous renvoyer faire Resident Evil 2, mais avec un tout autre gameplay, beaucoup plus action et en lien avec les technologies actuelles, tout en proposant un jeu d’horreur, mais en jouant sur d’autres ressorts qu’à la fin des années 1990. Le Game Designer de l’époque, Hideki Kamiya, est parti bien loin depuis longtemps, c’est donc une toute nouvelle équipe qui est à la manœuvre. Le résultat a convaincu les critiques et les joueurs, à la fois pris dans la nostalgie et saluant le bel hommage appliqué qui apporte son lot de nouveautés.

Cette réussite a semble-t-il donné des idées à d’autres pour relancer le marché du jeu d’horreur, qui était passé quasi-exclusivement au monde indépendant ces derniers temps. Les gros noms de l’horreur appartiennent au passé et il faut maintenant se contenter de screamers bien souvent sans trop d’idées et dont on fait le tour aussi vite qu’un train fantôme, pas de quoi rassasier les vrais fans de l’horreur. Tout juste il restait les Resident Evil 7 et 8 mais si vous n’accrochez pas au style, tant pis pour vous, il faudra aller vers des choses moins clinquantes. L’horreur n’est plus un genre, c’est parfois une composante qui va donner une couleur à une ambiance, comme avec les Dead by Daylight et autres Back 4 Blood.

Voici donc qu’en quelques mois, on se retrouve noyé sous les projets de remakes de très gros nom de l’horreur : Alone in the Dark, Silent Hill 2, Resident Evil 4, Dead Space et The Callisto Protocol, remake officieux de Dead Space. On peut aussi ajouter Layers of Fears qui sera formellement un remake de Layers of Fear mais que l’on peut plus sûrement considéré comme une version aboutie du jeu de base, réalisée par la même équipe. Pour les autres projets, on change d’équipe dans les grandes largeurs, et même si Striking Distance, le développeur de The Callisto Protocol, est composé des anciens créateurs de Dead Space, ils ont perdu leur éditeur Electronic Arts qui s’est associé à une nouvelle équipe de développement pour le remake de Dead Space.

On se retrouve alors avec des jeux qui réinventent des classiques du genre, réalisés par des équipes qui sont avant tout des fans des jeux d’origine. On ne devrait pas avoir de très gros changements de scénario mais l’ensemble sera réinterprété, à commencer par le gameplay qui va avoir droit à un sacré lifting. Beaucoup de ces jeux créaient leur horreur en tirant le bénéfice des limites techniques des systèmes de l’époque, limites qui n’ont plus de sens aujourd’hui. Il faut donc faire un vrai travail sur l’atmosphère pour recréer l’angoisse, dans des espaces bien souvent plus ouverts et avec de l’action beaucoup plus précises.

La prise de risque peut paraître énorme car cela revient à s’attaquer à des statues qui paraissent indéboulonnables pour bon nombre de joueurs. Mais cette approche du remake permet de ne pas dégrader l'œuvre d’origine, juste d’en proposer une nouvelle version qui pourrait venir en complément. Du point de vue commercial, c’est donc compter sur un nom bien connu pour assurer les ventes, tout en évitant les critiques acerbes en cas de raté ; au pire, vous pouvez toujours reprendre la version d’origine. C’est donc une façon assez raisonnable de se relancer, comme on le voit avec Konami pour Silent Hill 2 ou THQ Nordic avec Alone in the Dark.

Sauf que ces remakes peuvent avoir un goût amer auprès des fans du genre. D’accord ce n’est pas une mauvaise idée mais après, on fait quoi ? On attend de nouveau 15 à 20 ans pour faire des remake de remake ? Ou des créateurs vont-ils accepter de relancer le genre, en étant appuyés par des éditeurs prêts à sortir le chéquier ? Dans cette dernière question il y a deux parties : les créateurs et les éditeurs prêt à mettre l’argent sur la table.

Du côté des créateurs, on peut citer Ghostwire Tokyo par Shinji Mikami ou le possible projet d’horreur d’Hideo Kojima, qui s’était arrêté à la démo P.T. Deux grands noms, qui ont fait leurs preuves par le passé et qui restent appuyé par des moyens importants. Mais deux créateurs qui font aussi ce qu’ils veulent, et on part souvent sur des projets aux concepts perchés, pas franchement des jeux qui s’adressent au plus grand nombre. Il va donc falloir d’autres créateurs, certainement d’une nouvelle génération, qui arriveront avec leurs histoires et leur façon de les raconter.

De l’autre côté, l’horreur est passée au second plan dans les financements. On peut noter l’arrivée prochaine d’Alan Wake 2 avec un joli budget et le retour de la licence Silent Hill chez Konami qui semble vouloir revenir dans le business. Chez les autres, l’horreur fait maintenant tapisserie dans certains jeux, ou juste certaines séquences. Rien en vue chez Ubisoft ou Take Two, Microsoft ne semble pas avoir de projets dédiés non plus malgré les rachats de Bethesda ou d’Activision-Blizzard, même chose chez Sony ou Nintendo. Les jeux d’horreur sont avant tout des jeux solo qui semblent être en décalage à l’heure du Game as Service. Et même chez les japonais, Capcom se contente de ses Resident Evil et on ne peut pas dire que Tecmo Koei mette les moyens sur ses Project Zero/Fatal Frame où que Bandai Namco soit enclin à se lancer dans ce monde. Les remakes actuels apparaissent donc comme des anomalies qu’il faudra chérir pour les fans du genre.

Enfin, un dernier mot plus général sur cette nouvelle mode du “vrai” remake initié par le monde de l’horreur et qui pourrait bien s’étendre au reste de l’industrie. On vient notamment de voir le remake de Call of Duty Modern Warfare 2 qui se permet de réinterpréter l’histoire originelle, notamment en remplaçant la célèbre mission “No Russian” par un simple clin d'œil après le générique. On entend parler de rumeurs de remake autour du premier Metal Gear Solid ou de Perfect Dark, on pourrait donc avoir une vague de projet qui tente de s’attaquer à des monstres de l’histoire du jeu vidéo. On leur souhaite beaucoup de courage et si le résultat nous propose de nouveau bons jeux qui réinterprètent des classiques, on sera les premiers preneurs. Tout en militant toujours pour de nouvelles expérience, bien évidemment.

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