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Mois-Sonneur #100 : Une bonne Gamescom 2022 ?
Centième numéro du Mois-Sonneur qui tombe juste après la Gamescom 2022 qui marque le retour des grosses conférences en public. On ne pouvait donc pas passer à coté du sujet et on vous propose une petite analyse de ces quelques jours allemands, avec un texte offrant un éclairage un peu différent à retrouver ci-dessous.
Nouvel ordre dans l’ancien monde
Le Covid-19 a tout chamboulé sur son passage, y compris dans le monde du jeu vidéo. On a, d’un coup, tout arrêté, tout mis de côté, et on avait du temps pour philosopher et disserter, notamment sur le monde d’après, en mettant en lumière les problèmes du monde d’avant qu’on acceptait jusque là mais dont on s’était promis de mettre dans la lumière pour être sûr de les effacer. Dans le monde du jeu vidéo, cela incluait les sacro-saints salons qui jalonnent l’année, dont beaucoup de personnes s’étaient même convaincus qu’ils étaient trop vieux, défraîchis, et qu’il fallait passer un bon coup de balai sur tout ça. On se souvient notamment des gens, notamment les journalistes, se réjouissant de l’annulation de l’E3 2022.
Et puis le Covid-19 est passé (on sait qu’à l’heure actuelle on ne peut pas parler de fin complète de la pandémie mais on peut raisonnablement supposer que le pire est derrière nous), la vie a repris tranquillement son cours et finalement, le monde d’après que beaucoup avait imaginé ne semble pas vraiment venir. Dans le monde du jeu vidéo, cela se traduit par le retour de ces bons vieux salons, à commencer par la Gamescom 2022 qui réouvre au public, un salon que beaucoup trouvaient obsolète, à contre courant et plus tellement intéressant. Sauf que le rassemblement de Cologne en 2022 a été une immense réussite qui a vite fait oublié les vœux pieux de toute la profession.
Les doutes étaient pourtant élevés, notamment avec une soirée de lancement organisée comme fin du Summer Game Fest, une initiative née pendant le Covid-19 et qui semble avoir disparue avec lui, sans amener grand chose de bien. Geoff Keighley à la présentation donc du “corpo”, un programme annoncé à l’avance qui n’appelait pas à la joie, la seule bonne nouvelle à l’avance était la présence du public qui peut toujours créer du divertissement.
Mais le miracle a eu lieu, surtout grâce à la présence de très bons trailers et de belles annonces qu’on n’avait pas vu venir. Sans faire de liste précise, on retient surtout des jeux qu’on pourrait qualifier de seconde zone, c’est à dire n'émanant pas des gros éditeurs et n’étant pas blindés d’argent. Et pourtant, ce sont ces projets qui ont retenu l’attention, avec un public, aussi bien sur place que sur internet, pour une fois conquis et pas ronchon.
C’est certainement le grand enseignement de cette soirée de lancement : le public veut des projets qui le font rêver, pas un énième blockbuster qui s’avère être une pâle copie d’un projet précédent. Where Winds Meet, Atlas Fallen ou Dune Awakening et même Dead Island 2, des projets avec des défauts mais aussi avec du cœur. Et très certainement que la vingtaine de bonnes annonces ne sera pas entièrement bonne une fois sortie en version finale mais peu importe, les annonces ont apporté de l’espoir.
L’autre bonne nouvelle, c’est que cet espoir est diversifié, avec des jeux dans tous les styles ce qui a permis à chacun de trouver de quoi se mettre sous la dent. L’euphorie du moment, avec des choses très mystérieuses et intrigantes comme Everywhere, a même conquis les journalistes qui auront donc mis 3 mois à retourner leur veste pour appeler au retour des conférences et des salons en présence. Une soirée dont on se souviendra.
Et cette soirée s’est prolongée pendant le salon, avec des gameplays sortis sur internet et des avis récoltés manette en main sur des stands bruyants. Là encore, on essaye un paquet de chose et on découvre un fourmillement d'idées qui redonne goût dans le jeu vidéo. Les gros noms comme Sony, Electronic Arts ou Ubisoft n’étaient pas là et c’est peut-être la raison de toute cette joie.
Car cette Gamescom a fait la part belle aux autres éditeurs, ceux qui ne font pas les gros titres habituellement, les Embracer Group avec ses THQ Nordic et autre Deep Silver, les Focus Entertainment ou le collectif Level Infinite, en pensant un peu à Bandai Namco. des éditeurs qui n’ont plus peur de jouer dans leur cours, avec moins de budget mais en s’adressant directement au public, tout en donnant le pouvoir à des créateurs. Un modèle simple, celui du monde d’avant, on pourrait même dire celui du monde avant le monde d’avant.
Ces dernières années, on avait eu le sentiment que l’industrie du jeu vidéo se polarisait, entre d’un côté les gros projets et de l’autre les indépendants, et au milieu, plus rien. Une idée qu’on a d’ailleurs pas mal évoquée dans différents Mois-Sonneurs tant on imaginait qu’elle portait en elle une politique faite pour s’imposer dans le futur. Finalement, les jeux de moyenne gamme n’ont pas disparu, ils ont sommeillé pendant quelques années, le temps qu’on se rappelle pourquoi on les aimait. Le monde d’après ressemble donc beaucoup au monde d’avant, à ceci près que ce qu’il allait devenir a un peu changé, il faudra maintenant compter avec une troisième force, celle des jeux bien sympas sans grandes prétentions. En espérant qu’ils survivent un peu dans ce nouveau monde.
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