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Critique du film : Django Unchained
Il faut dire que le père Quentin tournait autour du genre Western Spaghetti depuis le début de sa carrière, Kill Bill ou encore Inglourious étant truffés de références. Clairement, c'est son dada, mais par crainte peut être, ou par perfectionnisme, il s'est lancé que très tard dans ce Django Unchained, remake sur le papier du très bon film de Corbucci de 1966. Sur le papier en effet, car hormis le nom, la musique du générique et une ou deux scènes références, il n'y a pas énormément de points communs entre les deux films. Et tant mieux.
On a donc un Django cette fois-ci ancien esclave qui, aidé par un mercenaire allemand, Schultz, souhaite retrouver sa femme esclave de l'homme d'affaire Candie. De ce speech de départ vont découler de multiples situations mêlant violences, humour et émotions (juste un peu, on est chez Tarantino quand même).
A cet effet, le film se compose clairement en trois parties. Une première permettant à Tarantino de se faire plaisir à la caméra, avec des zoom-dézoom ou des plans séquences tout droit sortis des années 60. Mais surtout, il nous fait plaisir avec un humour de tous les instants, dont cette scène déjà culte des hommes du ku klux klan.
Une seconde partie du film, marquée par ce "MISSISSIPPI" remplissant l'écran durant une dizaine de seconde. Tarantino est certainement l'un des seuls à se permettre un tel montage, c'est juste jouissif. Mais donc cette deuxième partie est bien plus sombre, violente psychologiquement. C'est certainement cette partie qui fait de Django le film le plus sombre mais aussi le plus mature de la carrière du réalisateur. Cette partie est intéressante, car les divers protagonistes, et surtout Schultz et Stephen interprété par Samuel L. Jackson, évoluent énormément.
Puis on arrive à la troisième et dernière partie, où comme dans tous les Tarantino, tout s'enchaîne et va très vite. L'action est dès lors au rendez- vous.
Des acteurs au rendez vous
Le film est certes rempli de stars, elles auraient pu complètement passer à côté de leurs sujets. Ici ce n'est pas le cas. Jamie Foxx est excellent et monte en puissance au long du film dans la peau de Django, avant de prendre toute son ampleur sur la fin. Surtout, il a une classe folle rendant le personnage furieusement bad ass. Mais là, il faut avant tout saluer le travail des costumiers.
Cristopher Waltz lui étincèle toujours, bien qu'il joue toujours le même type de personnage. Waltz est clairement un acteur "crée" par Tarantino. Ces deux là étaient fait pour travailler ensemble, et les personnages que Waltz peut interpréter correspondent totalement au stylé Tarantinien. Pas étonnant qu'ils ne se quittent plus désormais, lui qui jouait déjà dans Inglourious.
Samuel L.Jackson en revanche laisse en peu plus perplexe. D'aucun penseront qu'il en fait trop, je suis assez d'accord. Mais c'est voulu pour bien renforcer la profondeur du personnage, et de toute façon, on n'en tiendra pas rigueur à Jackson, c'est déjà tellement positif de le revoir dans de vrais films, et non pas des navets ...
Puis la vraie surprise du film est évidemment Di Caprio. Comment l'académie des oscars peut-elle se permettre de ne jamais le récompenser ? S'il n'est sans doute pas un acteur légendaire, il en reste un des plus grands talents de sa génération. Sur ce film, il mange à lui seul tout le reste du casting en terme de charisme. On ne voit que lui à l'écran, on n'écoute que lui. Dès la première scène jusqu'à la dernière, il étale la folie de son personnage. On sait qu'à n'importe quel instant, il peut craquer. Il est capable de tout. C'est juste excellent à voir.
Tarantino au sommet de son art
Sur le papier, nous pouvions nous attendre à un véritable hommage aux Westerns Spaghettis. Si c'est parfois le cas au long du film, c'est avant tout une oeuvre totalement Tarantinienne. Et tant mieux. La mode aujourd'hui à Hollywood est de créer de vulgaires pastiches, de pâles imitations d'un savoir faire détenu par le passé. Cela s'est vérifié avec l'infâme Gangster Squad.
Or, Tarantino fait du Tarantino, mais mêlé à de savantes références aux Westerns, tant dans la mise en scène, dans le montage, mais aussi la bande son.
D'ailleurs, la bande son est juste sublime. Le bougre sait choisir les morceaux pour accompagner les scènes. C'est un délice pour les oreilles. Et c'est bien le seul film où entendre du rap au milieu d'une fusillade en pleine période d'esclavagisme, c'est classe.
Et évidemment, retrouver de vieilles compositions du maître Morriconne est un plaisir de cinéphile. Cet homme mériterait de présider l'Italie.
Mais pour revenir à la mise en scène, elle est toujours aussi explosive, dans n'importe quelle situation. Il n'y a tout simplement rien à redire. Le bougre fait fort. Les effets qu'il donne sont bien choisis, et, surprise chez Tarantino, il s'autorise à des plans de toute beauté, au milieu de montagnes enneigées par exemple. Preuve une nouvelle fois que le réalisateur de Pulp Fiction a bien mûri.
Le montage est aussi très réussi. S"il sert à découper le film en les trois parties dont j'ai parlé précédemment, il sert aussi souvent d'hommage, comme le générique d'intro. C'est toujours intéressant de noter les multiples hommages de Tarantino dans ses films, et je suis sûr qu'un deuxième visionnage me sera nécessaire pour apprécier toutes les références placées.
Une thématique profonde
La grande réussite de Django Unchained est avant tout son thème. Oui, il y a de l'humour, du sang, du fun. Mais le thème choisi par Tarantino est loin d'être évident à traiter. Et si le film créer la polémique aux Etats Unis, il n'en demeure pas moins que le film est une réussite sur ce point. Car Tarantino remet clairement en cause l'Amérique sur son histoire, ses frontières, son identité. Il montre toute la stupidité dont a été capable une partie de ce pays durant longtemps, toute la barbarie sans jamais le faire directement. C'est là l'intelligence du cinéaste.
Note finale 18/20
Tarantino est l'un des plus grands cinéastes en activité et signe avec Django l'un de ses meilleurs films, si ce n'est le meilleur. Le western lui scie à merveille, et on ne voit nullement les trois heures passer. Le film est une réussite totale et offre donc un divertissement de très bonne facture. Surtout, même si on sent que Tarantino est toujours doté de ce narcissisme qui, comme des tocs, l'oblige à créer des scènes gores dont seul lui est capable, il prouve cette fois une maturité nouvelle, et montre qu'il serait presque capable de poésie dans ses films ! Quentin, ressors nous vite un film !
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